Les travailleurs coloniaux affectés à l’Aveyron en 14-18

Quels sont les travailleurs coloniaux envoyés dans l’Aveyron lors de la Première Guerre mondiale ? Où sont-ils affectés ? A quelle période repartent-ils ? Comment pister des ancêtres nord-africains pendant ce conflit ?

Travailleurs coloniaux

Travailleurs coloniaux dans une usine d'armement à Saint-Etienne en 1916. Coll. C.Cheuret

Le dépôt de Marseille

Dès 1916, un dépôt de travailleurs coloniaux est créé à Marseille, destiné à accueillir les travailleurs et à permettre de suivre leur parcours pendant leur séjour en métropole. Il est à noter que chaque travailleur est inscrit dans un registre matricule et reçoit un livret individuel qui comporte une photographie.

Le commandant du dépôt correspond en direct avec le Service de l’Organisation des Travailleurs Coloniaux (STOC), organe national, afin d’organiser les déplacements des travailleurs vers les zones d’affectation.

Le besoin pour le bassin minier

Les travailleurs coloniaux seront utilisés dans toutes les industries qui en ont le besoin (par exemple pour les usines d'armement).

En Aveyron, le besoin le plus probant en termes de main-d’œuvre en 14-18, outre la production agricole, est celui de l’exploitation houillère de la région de Decazeville. En effet, deux tiers des ouvriers mineurs sont alors sous les drapeaux.

C’est en raison de cette pénurie de main-d’œuvre et de besoin de production que les travailleurs coloniaux affectés à l’Aveyron le seront exclusivement dans ce secteur.

Les Tunisiens

Les 42 premiers Tunisiens arrivent à Decazeville en septembre 1916. Ils ont entre 20 et 30 ans, tous célibataires et sont originaires de Tunis, de Gabès, de Zarzis et d’autres lieux. Ce premier groupe repartira pour Marseille le 1er mars 1917 afin d’être remplacé par 30 nouveaux compatriotes (dont deux sont mariés) qui quitteront l’Aveyron pour Nanterre le 12 février 1918. Quelques compatriotes sont arrivés en fin d’année 1916 et dans le courant 1917, ils migreront, eux aussi vers Nanterre.

… puis les Marocains.

Les travailleurs coloniaux Marocains arrivent du dépôt de Marseille en septembre1917. Ils ont eux aussi entre 20 et 30 ans et sont originaires de Souss, Fez, Marrakech et d’autres lieux. Ils repartiront en janvier 1918 pour le dépôt de Marseille. Ils croisent un groupe qui vient les remplacer et dont le retour pour Marseille s’échelonnera de juin à décembre 1918.

Les autres nationalités

Quelques autres nationalités de travailleurs coloniaux seront affectées à Decazeville, mais de manière plus anecdotique (on cite par exemple deux Algériens). Il est à noter que les Nord-Africains ont des contrats de trois mois au minimum et bénéficient de la loi sur les accidents du travail de 1898.



Les gardiens

Pour surveiller ces hommes, des gardiens parfois issus de la population locale sont désignés. Ils doivent être de bonne réputation et des enquêtes de moralité sont effectuées. Il peut être intéressant de rechercher la trace de vos ancêtres dans les archives liées aux travailleurs coloniaux pour retrouver des informations sur eux.


Quelles archives retrouver ?

Les archives départementales ont parfois conservé des traces des travailleurs coloniaux. Ces documents sont classés dans des séries différentes en fonction de leur contenu : on les retrouvera dans les séries militaires, la surveillance des étrangers, les fonds de la préfecture (main d’œuvre, agriculture, correspondance…), la délivrance de pièces d’identité pour les étrangers, la justice (en cas de conflit ou d’accident du travail) et bien entendu dans les sources habituelles utilisées par les généalogistes (état civil, successions…).

Selon les ressources disponibles, vous pourrez identifier expressément votre ancêtre (nom-prénom-date et lieu de naissance).

Au-delà des départements, c’est dans les Archives nationales, les archives de la Défense et les archives du monde du travail. Vous retrouverez sur la liste de ces dernières un dossier pédagogique "Travailler en temps de guerre".


N'hésitez pas à fouiller dans ces ressources.

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