Les archives des chambres d’agricultures
Quelles archives ont produit les chambres d’agriculture en plus de cent ans d’existence ? Que peut-on y trouver et pourquoi les exploiter ?

Un centenaire ?
Selon un reportage radio récent, et dans le cadre des élections à la chambre d’agriculture, la journaliste rappelait que cette instance a été créée en 1924 et que ses missions sont :
- « soutenir les exploitations dans le développement de leurs revenus ;
- accompagner les agriculteurs dans leurs démarches ;
- promouvoir les innovations pour répondre aux défis du futur (dont la formation des agriculteurs) ;
- exercer un rôle administratif puisque les exploitations et les animaux y sont enregistrés ;
- assurer la fonction de médiateur entre les agriculteurs et les élus notamment au niveau des questions et débats économiques (pression sur les élus pour les changements en orientant la politique agricole d’un département, en faisant des choix stratégiques ou en soutenant certains projets d’aménagement). »
Dans les faits, les chambres d’agriculture sont évoquées dès la loi du 20 mars 1851, mais le coup d’état qui suit empêche leur mise en place. C’est donc le décret-loi du 25 mars 1852 qui instaure des chambres consultatives d’agriculture. Celles- ci sont convoquées quand le gouvernement a des questions sur des sujets agricoles (par exemple sur certaines taxes telles que les douanes ou l’octroi).
La loi du 25 octobre 1919, parue au Journal officiel du 29 octobre, permet la mise en place de chambres d’agriculture régionales. Puis l’article 2 de la loi du 3 janvier 1924 indique « Il est créé, dans chaque département, une chambre d’Agriculture départementale. Cette Chambre a son siège au chef-lieu de département. »

Quelles séries d’archives ?
Si on se base aux missions décrites par le flash info entendu à la radio, le simple fait d’un enregistrement systématique des exploitations et des animaux laisse à penser que la consultation des archives de ces chambres professionnelles peut permettre de mieux connaitre l’exploitation familiale de nos ancêtres paysans. Mais les archives recensées dans les instruments de recherche semblent moins précises.
Les documents à consulter sont fournis par plusieurs producteurs : la préfecture, les sous-préfectures, les communes, la presse ou des revues spécialisées et par extension des documents figurés tels que des affiches d’élection, ou des clichés photographiques de bâtiments ou événements (banquets, foires…). Les séries correspondantes dans les archives départementales sont, selon les départements, M, Z, E dépôt, K, J, W, presse et fonds figurés. Bien entendu, il faut également consulter les archives communales non déposées.
Les cartes d’électeur, qui ne sont pas obligatoires dans la loi de 1924, sont en théorie conservées dans les archives familiales. Elles ne sont pas réservées aux hommes.

La recherche ne doit pas se limiter à l’expression « chambre d’agriculture », tant au singulier qu’au pluriel, mais aussi en y ajoutant le mot « départementale », ou en cherchant des termes comme « chambre consulaire » ou « chambre professionnelle ».

Extrait d'inventaire des archives départementales d'Indre et Loire - liste de publications
Quels éléments y trouver ?
Les éléments contenus dans ces archives sont de plusieurs ordres :
- l’organisation de la structure, sa correspondance, ses budgets et comptes, son personnel et la désignation de délégué ;
- les élections avec les listes nominatives des électeurs et électrices, mais aussi les opérations électorales et les élus. (On y trouvera des élus au scrutin individuel et des représentants d’associations agricoles. Paysans, agronomes, membres de comices, sociétés bancaires mutualistes et autres personnes y sont cités) ;
- les vœux émis à destination du préfet pour qu’il les transmette au gouvernement. Ceux-ci peuvent être très intéressant, car ils sont émis localement et sont représentatifs de problématiques locales. Ils peuvent avoir été publiés périodiquement ;
- l’organisation de manifestations publiques festives ou revendicatives, en partenariat avec d’autres organismes (foires, comices, médaille agricole…) ;
- des statistiques brutes ou analysées dans des publications ;
- des « bibliothèques administratives » des chambres d’agriculture rassemblant de grands nombres de revues ou articles autour de l’agriculture ;
- et probablement bien d’autres surprises !

Plaque du 3ème prix du concours départemental de la Chambre d'agriculture de Saône et Loire 1961 - en vente sur un site d'enchères.
Pourquoi les exploiter ?
Les archives des chambres d’agriculture ne sont probablement pas les plus faciles à exploiter, cependant leur richesse et leur contenu ciblé sur une activité professionnelle peuvent amener à une connaissance plus fine d’un secteur géographique et donc de ses spécificités et difficultés.
Par ailleurs, c’est une bonne porte d’entrée pour les personnes qui recherchent des ancêtres impliqués, syndicalement parlant, dans leur profession, et dont ils pourront probablement retrouver également la trace dans les autres instances agricoles (sociétés d’agricultures, comices, etc.).
Enfin, cette ressource n’étant pas la plus exploitée, c’est une bonne occasion de découvrir de nouvelles sources et informations.
Bonnes recherches !
© 2025 Généalanille Article publié le 10 février 2025
Documents d'illustration sauf mention particulière : collection C. Cheuret