En route pour le bagne

Le 21 juin 1838, le ministère de l’intérieur prévient le préfet de Saône et Loire qu’une voiture cellulaire doit se rendre vers le 29 du même mois à Mâcon pour prendre en charge 5 forçats , dont 4 de l’Ain.

Depuis l’ordonnance du 9 décembre 1836, « le service des chaines pour le transport des forçats aux bagnes, est supprimé à compter du 1 er juin 1837 au plus tard. » Les forçats qui rejoignent les bagnes de Brest, Rochefort et Toulon le font par voitures cellulaires qui partent de Douai, Paris (pour Brest), Metz, Colmar (pour Toulon) et Toulouse (pour Rochefort) accompagnés de brigadiers de gendarmerie en résidence dans les légions correspondantes.

Si l’un de ces gendarmes se trouve dans l’incapacité d’accompagner la voiture jusqu’à destination, il est remplacé par un brigadier réquisitionné moyennant une indemnité.

Claude Latruffe est né le 4 mai 1800 à Montboillon (70). Fils d’un laboureur, il devient gendarme et se trouve en résidence à Macon en 1838 quand la voiture cellulaire est programmée.

Le 25 juin 1838, son nom est proposé par le capitaine de gendarmerie au préfet qui fait établir un arrêté.

Cinq forçats doivent être pris en charge à Mâcon. Le préfet de l’Ain est prévenu pour transférer 4 hommes de la prison de Bourg en Bresse à celle de Mâcon . Ils partent le 27 juin au matin et arrivent le même jour.

Le dernier forçat est en prison à Chalon sur Saône. Accusé de vol avec effraction, Denis Rodot , 17 ans, né à Louhans, doit purger sa peine de 5 ans de travaux forcés. Il est transféré à la prison de Mâcon le 29 juin au matin avant le passage de la voiture cellulaire.

La voiture cellulaire arrive. Elle appartient à Mr Guillot, entrepreneur du transport des forçats aux bagnes , qui a signé un contrat de 9 ans avec l’état. Le conducteur porte un uniforme et est armé. Il n’a cependant pas le droit de se servir de ses armes sauf en cas de légitime défense. Il est responsable des forçats et si l’un d’eux venait à s’échapper, l’entrepreneur est pénalement responsable et doit payer une amende de 3000 francs par évadé.

Les 5 forçats sont habillés avec un costume fourni par l’entrepreneur qui le récupérera lavé après l’arrivée au bagne. Le conducteur récupère les actes d’accusation et part avec le brigadier réquisitionné. La voiture contient 12 cellules et chaque forçat a à sa disposition de l’eau et du pain.

Claude Latruffe va accompagner le convoi parti le 1 er juillet de Mâcon jusqu’à Valence où il est remplacé par le brigadier Chaniard. Il reçoit une attestation du représentant de l’entrepreneur de transport et il fait le trajet du retour à pied.

Le 9 juillet il est à Valence, le 10 au péage de Roussillon, le 11 à Vienne, le 12 à Lyon, le 13 à Villefranche sur Saône et le 14 à Mâcon. Dans chacune de ces villes, il présente sa feuille de route.

 

 

Il sera indemnisé à hauteur de 5 francs par jour d’absence (comprenez les 8 jours dans la voiture cellulaire) et de 2,50 francs par étapes (comprenez les 6 villes de sa feuille de route) soit 55 francs qu’il recevra le 19 aout 1838.

 

Claude Latruffe est décoré chevalier de la légion d’honneur le 16/02/1841. Il est à St Yrieix (87) en 1849 et décède le 18 mai 1879 à St Genis Laval (69) à l’âge de 79 ans.

 

Sources : état civil AD70, 1Y300-AD71, 2Y146-AD71, EDEPOT 204/42-AD69, Base léonore LH/1495/48, Du régime cellulaire préventif, répressif et pénitentiaire, à substituer au système pénal actuel en général, et à la peine de mort en particulier par m. J. Doublet de Boisthibault 1839, De la réforme des prisons par Léon Faucher 1838 numérisés par google, La Gazette des tribunaux, la voiture cellulaire, annuaire militaire de la république et bulletin des lois via gallica.


© 2015 Généalanille Article publié le 14 septembre 2015

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