Avez-vous un ancêtre tatoué ? Quelle est la probabilité que ce soit le cas ? Comment retrouver des traces de ce tatouage ?
Parmi 3000 pensionnaires de l’hôtel des Invalides à Paris vers le milieu du 19ème siècle, 506 ont déclarés être tatoués. Toutes ces personnes ont été « visitées » et interrogées par M. Félix Hutin qui a publié en 1853 un ouvrage intitulé Recherches sur les tatouages.
C’est un témoignage intéressant car il permet de mieux connaitre le « portrait-robot » d’un tatoué.
Parmi les constats faits par M. Hutin, la plupart des tatoués le sont principalement sur des parties visibles. Ceux qui ne peuvent pas ou ne veulent pas montrer leur tatouage ne se laissent pas tatouer.
La partie du corps la plus concernée, dans l’étude menée par M. Hutin est l’avant-bras : le droit pour les droitiers… et le gauche pour les gauchers !
Il est à noter, que certains tatouages restent cachés, soit en raison d’un dessin obscène, ou d’un texte provocateur.
Parmi les catégories de population les plus tatouées au 19ème siècle, on note les marins et plus généralement les militaires, les forgerons, les prisonniers, les enfants ayant fait un séjour en maison de correction.
Pourquoi se faire tatouer ? Parce qu’on s’ennuie, par imitation ou un soir d’ivresse. Telles sont les réponses citées dans Les habitués des prisons de Paris : étude d'anthropologie et de psychologie criminelles par le Dr Emile Laurent en 1890.
Pour le sexe féminin, les études publiées portent principalement sur des prostituées, mais il n’est pas incohérent de trouver des femmes tatouées parmi les prisonnières.
Votre ancêtre a été marin, condamnés pour une longue période et vous voulez vérifier s’il a été tatoué ? Les documents qui vont vous permettre de trouver la trace d’un tatouage sont de deux ordres :
Pour ce dernier point, on peut imaginer consulter les descriptions physiques présentes sur les passeports, les documents liés au recrutement militaires, les recherches de gendarmerie (mandat d’amener, déserteur, contumace mais aussi R.I.F), les registres d’écrou, et certains dossiers de demandes de pièces d’identité (cartes professionnelles). Mais ces documents sont souvent des pièges…
Une partie des documents cités ci-dessus sont « figés » dans le temps. Ils donnent une description à un instant donné et la personne a pu faire un tatouage ultérieurement. C’est le cas, par exemple, de la plupart des documents liés à la conscription : le jeune homme n’est pas tatoué au moment du conseil de révision.
Les statistiques de M. Hutin, en 1853, précisent que près de 56% des personnes qu’il a pu interroger se sont fait tatouer entre 20 et 25 ans.
Il faut donc pister toutes les descriptions physiques qui ont été faites au fil du temps sur votre ancêtre pour espérer trouver un tatouage.
La deuxième cause d’absence de tatouage est liée à la mobilité géographique. En étudiant des registres d’écrou de départements urbains et ruraux, on note une très grande disparité entre ces deux catégories. En ville, les tatouages sont fréquents, à la campagne, ils sont rares (ce qui est parfois confirmé dans les questionnaires faits dans les départements pour étudier les mœurs et coutumes des populations).
Si vous avez trouvé la trace d’un tatouage chez votre ancêtre, vous pouvez imaginer le « blasonner » comme une armoirie. Voici quelques exemples :
Sur le bras gauche d’Antoine Mouton, ajusteur mécanicien : un cœur traversé d’un poignard, deux étoiles et une branche de laurier
Sur le bras droit de Rémy Gaillard, boucher : un cœur, deux colombes, une enseigne de boucher, 1863 et une tête de bœuf
Sur le bras droit de François Louis Barrioz, manœuvre : deux fleurets, un masque et un gant
Sur le bras gauche de Louis Estienne Janeau, forgeron : une rampe d’escalier
Sur le bras gauche de Joseph Bellemain : l’enfant du malheur (motif de tatouage utilisé dans les maisons de correction)
Sur le bras droit d’Antoine Louis Madelon, manœuvre : un artilleur à cheval et 1865 . Sur son poignet : une tête de femme.
Sur le bras droit de Marcelin Laurins, cordonnier : un Mausolée. Sur le bras gauche, un vase à fleurs et sur l’estomac une femme entourée de lauriers.
Sur le bras droit de Jean Marie Louat, mineur : un homme et une femme tenant des bouquets, RFBE et 1848.
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