Elle voulait devenir sage-femme

Les écoles de sage-femme sont instaurées à la fin du 18ème siècle. Et il faut prévoir 2 ans pour être diplômée. Marie Anne connaitra quelques déboires avant de parvenir à exercer son métier.

Devenir sage-femme

Marie Anne est née en 1805 dans un petit village de l’Aubrac. Elle se marie en 1830 et presque aussitôt nait son premier enfant. Suivront un deuxième, puis une troisième.
Accoucher, donner la vie, elle sait faire. Mais aider les autres à accoucher, c’est moins évident.
Alors c’est décidé, elle va s’inscrire aux cours de sage-femme à Rodez . Ce n’est pas la porte à côté et il faudra habiter provisoirement en ville. Son mari finit (probablement) par être d’accord et elle demande son admission à l’école.

Refusée, admise puis virée

Le maire lui fait un certificat de bonnes mœurs. Mais toutes les places sont prises pour cette année 1837.
Marie Anne refait sa demande l’année suivante et elle est admise. En décembre, elle est remplacée par Victorine Moussol. Pourquoi? Il faut chercher dans la correspondance du professeur pour comprendre le problème. Elle vient d’accoucher d’un enfant qu’elle a fait admettre à l’hospice comme enfant trouvé. C’est bien là le contraire de la philosophie du métier! Alors, on lui demande de partir….
Retour dans l’Aubrac. Probablement pour élever son enfant.

Nouvel essai en juillet 1842

Le maire de la commune appuie la nouvelle candidature de Marie Anne en juillet 1842. Elle a environ 30 ans (!), elle sait lire et écrire et est de bonne vie et intelligente. De plus la commune est isolée et n’a pas d’accoucheuse.
Sa candidature est retenue . On évoque son échec à l’école de la manière suivante.

"Elle vint en cours, il y a deux ans et resta 3 mois à ses frais. N’ayant pu soutenir la dépense jusqu’à la fin du semestre, elle se retira."

Deux ans d’étude et un premier prix

Pendant deux années, Marie Anne étudie avec ses camarades. De la théorie, mais aussi de la pratique . Son professeur écrit deux ans plus tôt:

"Un accouchement auquel elles assistent les instruit mieux que toutes les leçons des professeurs.

Arrive la date de l’examen. Il est prévu le 2 ou le 3 mai 1844 mais le conseiller de préfecture n’est pas disponible. Le concours est reporté au 4 mai à 14H mais aucun examinateur ne se présente!
Il a finalement lieu dans une salle de l’hospice sous la présidence dudit conseiller. Les examinateurs sont

  • le médecin des hospices et des prisons,
  • un chirurgien
  • et le médecin de l’établissement des aliénés.
  • Le professeur des accouchement, Mr Lacalmoutie, est également présent.


Les postulantes sont interrogées sur la théorie puis on passe à la pratique des accouchements naturels et manuels.
Les 5 élèves sont d’instruction égale. Le premier prix est finalement divisé en deux et donné par tirage au sort. Et Marie Anne finit 1ère, ex-aequo.

Un beau diplôme pour exercer

Marie Anne reçoit son diplôme et doit le faire valider d’une part par le maire de la commune (qui signe au dos du diplôme) et d’autre part par le tribunal de son arrondissement.
Enfin elle peut exercer.

Bien entendu, les archives ne nous donnent pas la liste des enfants qu’elle va mettre au monde. Mais on retrouve parfois dans les registres d’état civil sa présence pour déclarer la naissance d’un enfant légitime ou illégitime.

Elle disparait du métier et réapparait

Jusqu’en 1847, on voit son nom apparaitre dans les listes des sages-femmes habilitées à exercer. Puis, plus rien. Un nouvel incident de parcours? De la concurrence? Une envie d’autres choses? Elle ne semble pas avoir été radiée par erreur, aucun jugement ne nous laisse à penser qu’elle a commis une erreur.
Son nom réapparait en 1877 avec celui de sa fille (diplômée de l’école de sage-femmes de Toulouse en 1861)! Les deux noms disparaissent à nouveau.
Quand elle meurt en 1896 elle est notée comme “ancienne sage femme”. Combien d’enfants a-t-elle vu naître? Elle n’a probablement jamais compté.

Sources: 3X47-AD12, 5M7-AD12, PER1181-AD12, 4E224/9-AD12

 © 2017 Généalanille - Article publié le 4 aout 2017

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