Les dossiers de résistant
Vous avez un (ou une) ancêtre résistant ? Comment trouver des pistes sur cette période ? Quelles informations obtenir et comment les compléter ?

Être résistant
Entrer en résistance pendant la Seconde Guerre mondiale relevait pour certains d’une forme de courage, pour d’autres d’une nécessité pour échapper à une capture ou au travail obligatoire et pour une catégorie de personnes, c’était un fait naturel, parfois inconscient, de transporter de cacher ou d’avertir.
Pour l’administration, être résistant ou résistante, c’est remplir une des cinq catégories :
- avoir obtenu le statut d’interné ou de déporté résistant selon la loi 48-251 du 6 aout 1948 (publié au JO du 08/08/1948 p7810) ;
- avoir été exécuté, tué ou blessé par un acte qualifié de résistance, et qui ouvre droit à une pension militaire de décès ou d’invalidité ;
- faire partie des membres des formations (FFC, FFI ou RIF) dont les services sont homologués et qui ont combattu de manière effective pendant au moins 3 mois avant le 6 juin 1944 ;
- avoir appartenu pendant au mois 3 mois avant le 6 juin 1944 aux FFC, FFI ou RIF dans une zone occupée par l’ennemi et qui ont obtenu l’homologation de leurs services par l’autorité militaire ;
- de manière plus exceptionnelle, avoir accompli habituellement après le 16 juin 1940 et pendant au moins 3 mois avant le 6 juin 1944 des actes caractérisés de résistance.
Si les deux premières catégories sont reconnues par l’internement, la déportation ou la mort, et les deux suivantes par l’appartenance à des structures en capacité d’homologuer les services, la dernière catégorie, elle, nécessite le témoignage circonstancié d’au moins deux témoins. Ces derniers doivent être eux-mêmes reconnus comme ayant eu des actions dans la Résistance. Un témoignage d’un simple voisin n’est pas suffisant.

Le dossier local de la carte de combattant volontaire de la résistance
La carte de combattant volontaire de la résistance est créée par la loi du 15 mai 1946 mais aucun décret n’a permis de l’appliquer. Il faut attendre la loi de 1949 pour que les cartes soient émises après étude d’un dossier constitué par le résistant demandeur. Elle permet à tout résistant appartenant à l’une des catégories citées ci-dessus d’obtenir la reconnaissance de son statut au travers de cette carte.
Les dossiers sont instruits au niveau de chaque département. Le formulaire est, soit identique à celui de la demande de carte de combattant (dans ce cas, il ne prévoit donc pas expressément le cas des femmes), soit un formulaire spécifique. L’objectif est de récolter un maximum de renseignements pouvant permettre l’homologation ou les noms des personnes qui pourront témoigner. A noter que quelques rares dossiers peuvent contenir la carte d’identité FFI du résistant.

Le dossier peut être accepté ou refusé. Dans ce cas, une demande en recours est possible.

Certains résistant(e)s n’obtiendront jamais la reconnaissance de leurs actes, par défaut de témoignages valablement acceptés ou par faute d’avoir demandé.
Les traces : des attestations sur l’honneur plus que des archives
En raison de la clandestinité des mouvements de résistance, peu d’archives d’époques sont conservées. Il était dangereux de conserver des informations écrites sur les membres du réseau !
Ainsi les listes des résistants sont parfois rétablies à postériori avec des imprécisions de date et surtout avec les pseudos. Gare à ceux qui portent le même pseudo ! Un Bébert peut en cacher un autre.
Pour constituer leurs dossiers de reconnaissance, les anciens résistants doivent faire homologuer leurs services. Ceux-ci passent par des témoignages et des attestations sur l’honneur de la part de leur camarade de réseau. Encore faut-il qu’ils soient vivants et aient une mémoire suffisamment lucide au moment de récolter ceux-ci.

Une date limite pour faire la demande
C’est un cas unique depuis la création des cartes de combattant. Une date de forclusion est inscrite dans la loi de 1949 : toutes les demandes de CVR doivent être faites avant le 21 mars 1951. Plusieurs lois seront votées pour faire lever cette contrainte et continuer de faire reconnaitre le statut de résistant aux « retardataires ».
Compléter le dossier : les dossiers d’homologation
L’organisation de la reconnaissance du titre de résistant a eu besoin, rapidement après la fin de la guerre, d’une centralisation. C’est pourquoi les dossiers conservés localement dans les archives départementales doivent être complétées par les ressources disponibles au Service Historique de la Défense. Une importante campagne de numérisation a été opérée en 2019 afin de proposer en ligne une base nominative des noms de résistants présents dans 600 000 dossiers individuels d’homologation (issu des versements GR 16 P – AC 21 P, GR 28 P2, 4 et 11).
La base est disponible sur le site Mémoire des hommes.
La liste des dossiers nominatifs de demande d'attribution du titre de déporté/interné résistant conservés au SHD est disponible dans l'inventaire du versement AC 21 P.
Il faut également signaler l’initiative du site Les Français libres qui permet de sélectionner, pour les dossiers du versement GR 16 P, un département et d’un faire un export au format CSV.
Vous trouverez ci-après la copie d'un certificat d'appartenance aux FFI conservé dans des archives familiales.

Compléter le dossier : les FFI par département
Outre les dossiers individuels, une autre campagne de numérisation a été réalisée pour dossiers constitués par les groupements pour faire reconnaitre leurs formations comme unités combattantes (issu du versement GR19P). Ces dossiers sont classés par département et disponibles sur le site Mémoire des hommes.
Ces dossiers permettent de connaitre les combats, les listes nominatives, etc.
Compléter avec la carte de combattant au titre de la Résistance
La carte de combattant au titre de la Résistance a plusieurs spécificités :
- elle ne nécessite pas que le résistant ait 3 mois d'exercice avant le jour du débarquement, ainsi les personnes ayant rejoint les maquis après le 6 juin 1944 peuvent l'obtenir ;
- elle peut être obtenu sur présentation d'attestations d'autres résistants, à défaut d'homologation par l'autorité militaire.
L'article A123-1 du Code des pensions prévoit une liste d'actes individuels de résistance. La maison numérique des militaires blessés et de leurs famille présente cet article dans sa version de 1979.
Cette carte a une autre particularité. Elle n'est pas attribuée par le préfet mais par décision ministérielle après consultation de l'avis de la Commission départementales des Anciens Combattants.
Les dossiers de demande de carte de combattant conservés aux AD comportent parfois la mention A123-1. Dans le contenu, ils comportent parfois des lettres de recommandations d'hommes politiques pour aider à l'obtention du titre de résistant.
Quel usage faire de ces ressources ?
Vous pouvez choisir de travailler uniquement sur votre ancêtre à partir de son dossier de CVR (aux AD) et d’homologation (au SHD). Mais la particularité des attestations sur l’honneur peut vous permettre de croiser les données. Ainsi, en consultant la liste des membres d’une même formation, vous pourrez déterminer pour qui votre ancêtre aura potentiellement été amené à témoigner et donc expliquer les circonstances de rencontre, de combats, d’activité ou de lieux.
Le SHD propose d’autres ressources dans ses inventaires sur les dossiers de résistants, vous pouvez également trouver d'autres pistes de recherches plus localement, qui seront plus ou moins conséquentes selon les départements où vous recherchez.
Cet article a été réalisé dans le cadre du challenge UproG de mai2025 sur le thème imposé "un dossier de résistant".
© 2025 Généalanille Article publié le 26 mai 2025 et complété le 28 mai 2025.
Documents - collection C. Cheuret
