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Demaire Jean, mort pour la France

Jean Néant est né le 11 mars 1892 au lieudit Montpalais à Grury de Philomène Néant, sa mère, domestique âgée de 19 ans. L’acte n’a pas été signé par le maire, Frédéric Blaque, comme tous les actes de naissance depuis le début de l’année 1892.

La mère de Jean le reconnaît 16 jours plus tard et il prend le nom de Demaire au mariage de ses parents à Grury le 25 avril 1900. Son père, Michel Demaire, né à Cressy sur Somme (71), est domestique à St Seine (58).

Après avoir habité au bourg de la Chapelle au Mans (1901), la famille part s’installer à Grury aux Bois Payots (1906).

Lors de son recensement militaire, Michel est sabotier à la Chapelle au Mans. Il est incorporé dans le 4ème régiment de zouaves en octobre 1913 puis rejoint très rapidement le 8ème régiment de tirailleurs indigènes dont le cantonnement est en Tunisie.

Aout 1914 : retour en métropole

Alors que sonne l’heure de la mobilisation générale, le régiment quitte Bizerte (Tunisie) en train pour Alger le 18 aout 1914 avant de prendre la mer le 24 et le 25 aout sur le Carthage et le Charles Roux direction Sète . Les hommes sont ensuite acheminés par train jusqu’à Carcassonne .

De Carcassonne, les hommes reprennent le train pour Wissous près de Chatenay (Seine). Ils traversent Paris par la porte d’Orléans, le boulevard St Michel et la gare de l’Est le 2 septembre 1914 avant d’aller bivouaquer au Bourget.

La dernière étape précisée dans le journal de marche est le cantonnement de Villeroy (77) après une journée passée à Dammartin en Goële.

La route vers Arras

Du 8 septembre au 14 octobre 1914, c’est la liste des victimes (59 morts, 397 blessés et 24 disparus) qui permet de pister la route suivie : Barcy (77) le 8 septembre, Soissons (77) le 14 septembre, Crouy (02) le 28 septembre, Thelus (62) le 5 octobre.

Le 15 octobre 1914, les troupes sont à Maroeuil et vont combattre dans la région de Maison blanche au nord d’Arras (62) à proximité d’Ecurie.

Le 28 octobre 1914, les tirailleurs participent à une fausse attaque pour « faire garnir les tranchées » allemandes et ainsi leur tirer dessus avec plus de dégât. Le 1er novembre, « toutes les cultures ont été enlevées. Le sol est complètement ras et tous les mouvements mêmes de gens isolés sont vus à grande distance. »

Des conditions difficiles

Les premières gelées sont ressenties le 15 novembre 1914 et les hommes cherchent à creuser plus profondément les tranchées au mépris de la solidité des parois qui, ainsi fragilisées, s’éboulent sur les hommes et de l’efficacité de l’angle de tir des fusils. De plus, les tirailleurs ne prennent plus le soin d’épauler leur arme et se contentent de lever les bras à hauteur de la crête pour tirer, générant de nombreuses blessures aux mains.

A cette période, il devient urgent de créer des latrines à proximité des lignes avancées car les tranchées sont « très souvent empoisonnées par les déjections des hommes. »

La neige commence à tomber le 19 novembre 1914, mais les tirailleurs (dont la plupart sont d’origines d’Afrique du Nord) ne sont pas habillés en conséquence :

  • une paire de chaussettes en laine  (distribuée en octobre, mais pas à tous les hommes);
  • un caleçon tricot laine ou coton (distribué fin octobre) ;
  • un gilet laine (distribué mi-octobre).

Ils n’ont pas de cache-nez et doivent attendre le 21 novembre 1914 pour recevoir une paire de gants.

Le 21 décembre, le bataillon est au repos à Haute Avesne jusqu’à la fin de l’année.

Début d’année dans la boue

Le 2 janvier 1915, c’est le retour à Marcoeuil pour la surveillance des tranchées. Les compagnies doivent rapporter les grandes marmites et les marmites norvégiennes pour être utilisées par les troupes qui sont au front. A partir de cette date, le bataillon B est désigné pour aller à Roclincourt.

La 7ème compagnie (dont fait partie Jean Demaire) est en charge de relever chaque jour une des 3 compagnies en première ligne.

Le temps est pluvieux et les tranchées extrêmement boueuses. Leur nettoyage quotidien a créé des parapets de plus de 3 mètres qui s’éboulent avec la pluie. Pendant 15 jours, les hommes vont se battre autant contre les allemands très proches (100 à 150m) et dont les obus font parfois de gros dégâts (jusqu’à 40 morts en un tir) que contre la boue incessante qui obstrue les tranchées : «  un certain nombre d’hommes restent enlisés toute la nuit et sont dégagés seulement au jour avec des cordes et des rondins. Plusieurs y perdent leurs chaussures et une partie de leur équipement. » La boue a une hauteur de 25 à 80cm selon les endroits.

Le dernier combat

Jean Demaire part une dernière fois au combat le 17 février 1915 dans le secteur de Roclincourt. Le lendemain, sa compagnie remplace les zouaves qui ont pris une ligne allemande et tiennent la zone O O’ sur le schéma.

La ligne occupée n’est pas très large et fortement encombrée par les blessés. L’approvisionnement en cartouche est tellement long que le tirailleur Bézelin ose sortir de la tranchée pour récupérer les munitions des morts et des blessés en attendant le ravitaillement. La 7ème compagnie doit finalement reculer et rentre en réserve à l’usine le 19 février.

Jean Demaire est signalé mort ce 18 février sur le journal de marche. Par acte du tribunal d’Autun du 12 octobre 1921, le décès sera fixé au 19 février 1915. C’est le premier mort pour la France de la commune de Grury pour l’année 1915. Son nom est orthographié Demère sur le monument aux morts et sur la plaque de l’église.

Sources:

5E227/12-AD71, 5E227/13-AD71, Recensements La Chapelle au Mans, Grury –AD71, 1R RM Autun 1912-AD71, 3U300-AD71, 26N850/13 et 26N850/14-Sga mémoire des hommes

 © 2015 Généalanille Article publié le 19 février 2015

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