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De Rodez à Paray, les soeurs franciscaines

Les fondateurs à Mur de Barrez

La congrégation des sœurs de St François d’Assise de Rodez a été fondée en 1862 à Mur de Barrez au nord du département de l’Aveyron par l’abbé Jalbert et la sœur Jeanne Marie Varès. Ces franciscaines garde-malades sont parfois appelées les sœurs de la « bonne mort .»

Victorin Jalbert, prêtre dans une famille de religieux

Victorin Jalbert est né en 1823 à St Amans de Cots (Aveyron) d’une famille remplie d’hommes de foi. Son père, Benjamin, a commencé sa théologie avant d’être enrôlé dans les armées. Il quitta son poste de capitaine pour étudier la médecine et vint s’installer à St Amans de Cots.

Deux de ses oncles, Jean Pierre et Pierre Jean étaient prêtres avant la révolution et durent s’enfuir en Espagne avant de revenir à la fin du 18 ème siècle.

Un troisième oncle, Jean, était diacre. Il devient prêtre sous les mains de Mgr d’Aviau archevêque de Vienne.

Enfin le 4 ème oncle, Pierre, était vicaire d’Alcorn à Laguiole et syndic du séminaire de cette ville quand il mourut foudroyé dans un confessionnal, en compagnie de Pierre Mas, vicaire de Laguiole. Les deux hommes, chacun dans leur confessionnal, œuvraient à leur tâche en cette veille de Pâques 1788.

confesseur et confessée foudroyés
confesseur et confessée foudroyés


Victorin Jalbert étudie au petit séminaire St Pierre puis au grand séminaire de Rodez. Il devient professeur au petit séminaire St Pierre pendant 5 ans avant de partir à Paris à l’école des Carmes pour compléter ses études.

Il devient vicaire à Mur de Barrez en 1854. Son ancien collègue vicaire, Joseph Gavalda, devenu prêtre à Mur de Barrez décède en juillet 1870, quelques jours avant le début de la guerre. Victorin Jalbert est agréé en septembre 1870 et devient curé de la commune. Il occupera ce poste jusqu’en 1874 dont il démissionne « pour raison de santé. » En fait, il compte se dévouer à la congrégation qu’il vient de créer.

Le 3 décembre 1879, il devient membre de la société des lettres sciences et arts de l’Aveyron. En 1885, il est chanoine honoraire du diocèse de Rodez et en janvier 1886, il est nommé chanoine prébendé.

Jeanne Varès ne veut se marier qu’à la religion

Marie Jeanne Varès est née en 1828 à Sinhalac, commune rattachée l’année suivante à Mur de Barrez. Elle est la fille de fermiers de grands domaines.

Très jeune, elle se sent attirée par la vie religieuse mais ses parents en ont décidé autrement et souhaitent qu’elle se marie. Elle part alors à Paris où ses frères sont établis pour échapper à ce destin si commun. Son retour est très attendu pour sceller son alliance, mais la jeune fille préfère se placer chez des maitres très chrétiens. Elle est admise au noviciat du tiers ordre le 4 octobre 1860 et à la profession le 12 octobre 1861. Ne trouvant aucune communauté qui l’attire, elle revient chez ses parents et soigne les malades en compagnie de sa mère, qui gémissait souvent devant elle du dénuement des malades dans les campagnes.

Sa route croise celle du père Jalbert, vicaire du Mur de Barrez et il la dirige vers le couvent de St François d’Assise au Puy en Velay pour faire son noviciat comme sœur garde malade. Elle reçoit l’habit le 3 juillet 1862. Elle fonde la congrégation des sœurs à 34 ans et y consacrera toute sa vie. Dès septembre 1863 elle est rejointe par d’autres filles au Mur de Barrez et elle devient mère st François le 15 avril 1864.

De Mur de Barrez à Rodez

Les sœurs garde-malade de St François d’Assise à Mur de Barrez naissent de l’idée d’un prêtre, fils de médecin, et d’une future promise qui soignait les pauvres avec sa mère.

En 1870, la petite vérole éclate dans la région et fait de grands ravages à Mur de Barrez, permettant à l’œuvre des sœurs d’éclater au grand jour. 1870, c’est aussi l’année de la guerre et la nomination comme curé de Victorin Jalbert, vicaire de la paroisse depuis 16 ans.

Le père Jalbert décide de créer un établissement à Rodez. Mère St François devient supérieure assistante et est remplacée par Mère Véronique.

L’évêque autorise l’installation du noviciat à Rodez et la communauté achète une maison aux quinze arbres en dessous du pensionnant des frères de St Joseph. En 1872, quelques sœurs sont envoyées provisoirement à Rodez pour diriger les réparations, et la translation est effective en 1874 et le prêtre démissionne pour devenir aumônier de la communauté.

En novembre 1875, un incendie éclate en pleine nuit et détruit le couvent (qui n’est pas assuré). Les 18 sœurs sont logées provisoirement près du palais de justice.

Les pompes à incendie sont déroulées trop tard, le couvent est détruit

En 1876 après 6 mois de bataille pour convaincre les 6 ou 7 propriétaires des parcelles morcelées, les sœurs achètent une maison et de vastes jardins au Lucadou près du couvent de la providence et de l’ancien amphithéâtre. Les réparations ne sont pas faites et les sœurs doivent souvent offrir un parapluie au-dessus de leur lit pour dormir au sec. Les sœurs sont dorénavant rue Peyrot .

En février 1900, le père Jalbert meurt d’une longue maladie. En avril de la même année, et quelques jours après avoir assisté à une prise d’habit présidée par le nouvel évêque, la mère St François meurt à son tour. La communauté est orpheline mais elle s’est bien agrandie depuis sa création : les sœurs garde-malades sont présentes sur une dizaine de communes du département (Entraygues, Laissac, St André de Vézines, St Yzaire, Vabres, Cransac, Le Monastère….)

Deux sœurs à Paray le Monial

C’est en janvier 1900, quelques mois avant le décès des fondateurs de la congrégation, que deux sœurs aveyronnaises, tertiaires de St François d’Assise, achètent à Melle Amélie Leclerc une propriété à Paray le Monial, route de Charolles.

L’ensemble comprend trois éléments :

  • une petite maison avec 2 pièces au rez-de-chaussée avec un grenier, une cave et une petite remise,
  • un logement avec cave, cuisine, hangar, cabinets au rez-de-chaussée et 3 petites pièces au rez –de-chaussée,
  • une parcelle de jardin.

Un viager de courte durée

Les deux sœurs qui signent l’acte de vente sont originaires de l’Aveyron mais « exercent » à Paris. Il s’agit de

  • Julie Majouphet, sœur St Victime de Jésus, née en 1866 à Decazeville
  • Césarine Montarnal, sœur Ste Philomène, née en 1869 à Espayrac.

Le contrat est signé devant Maitre Roland, notaire de Paray et la vente est conclue moyennant 3000 francs et une rente viagère annuelle de 250 francs pour compenser la valeur vénale de la maison et du terrain (6000 francs).

Le viager ne dure pas car la vendeuse décède le 3 janvier 1902 à Paray le Monial à 82 ans.

De trois à six sœurs souvent aveyronnaises

La communauté est composée rapidement de 3 religieuses outre les 2 fondatrices.

En 1901 , sont présentes Marie Veyrac née vers 1881, Nathalie Campergne née vers 1880, Clotilde Falissard née vers 1889.

En 1906 , 4 religieuses accompagnent les fondatrices Marie Cluzel née 1868 à Rieupeyroux, Emilie Prat née en 1868 à Ste Geneviève, Irma Combelle née en 1870 à Lacroix Barrez et l’héraultaise Colombe Gros née en 1869 à Cabrerolles.

En 1911 , seule Emilie Prat (sœur St Joseph) reste avec les sœurs.

Au 31 juillet 1914 , la communauté est composée des 3 sœurs de 1911 mais aussi de Marie Cantalouve (sœur St François) née en 1888 à la Capelle de Brasc et la bretonne Anne Prie (sœur Bernadette) née en 1890 à La Chapelle Saint Mélaine.

Au retour de la guerre, le recensement de 1921 fait accompagner les sœurs fondatrices de Marie Fabre née en 1895 à Lunel St Félix et de Marthe Segond née en 1900 au Sauzet.

Une agrégation tardive

La communauté démarre son activité de soins de malade à domicile en 1900. En juillet 1901, une nouvelle loi est promulguée, interdisant toute formation de congrégation sans autorisation préalable.

La mère St Victime de Jésus s’exécute et retourne au maire de Paray le Monial les documents demandés. Le conseil municipal de la ville émet d’ailleurs un avis défavorable à l’autorisation de la congrégation dans sa délibération du 08 décembre 1901.

Le dossier traine un peu , le rapport est transmis au préfet en avril 1902 qui l’expédie au ministre de l’intérieur quelques jours plus tard avec lui aussi un avis défavorable. Faire disparaître les sœurs garde-malades, c’est s’exposer à un grand embarras pour les familles qui ont recours à leurs soins car aucun service laïc n’est disponible en nombre suffisant pour pallier à leur disparition.

En mars 1908, le préfet relance le dossier. Le sous préfet n’a pas changé d’avis mais en attendant, la congrégation continue son activité.

En février 1911, un nouveau rapport est demandé. Le nouveau préfet, François Ramonet, s’appuie sur les avis précédents pour confirmer son désaccord d’autoriser la congrégation.

En avril 1914, le ministre sollicite à nouveau le préfet (qui a changé, il s’agit alors de Joseph Chaleil) pour statuer sur l’autorisation des sœurs de St François d’Assise. Un nouveau dossier est constitué et en mai, le sous préfet de Charolles estime que la situation des sœurs doit être maintenue du fait des services qu’elles rendent. Le 20 juillet, une lettre de relance est envoyée au préfet. Le rapport ne peut pas être envoyé au ministre sans la liste des religieuses. La mère supérieure la fournit le 31 juillet, quelques jours avant le début de la première guerre mondiale .

L’affaire est relancée en 1942, alors que les sœurs souhaitent bénéficier d’un leg particulier de 5000 francs. Ne trouvant pas l’institution dans le « répertoire des congrégations » de P Sauret édité en 1939, et les sœurs répondant qu’elles n’ont pas d’archives et qu’elles dépendent de Rodez, le préfet Hontebeyrie sollicite son collègue de l’Aveyron pour connaître la date d’autorisation. Ce dernier répondra qu’elle n’est pas encore reconnue ….

Sources: 5E342/33-AD71, 4E114/2-AD12, 4E85-5-AD12, 4E217/6-AD12, 4E175/11-AD12, 4E77/7-AD12, 4E85/8-AD12, V299-AD71, 6MI169-AD71, 6M Paray-AD71, 6V74-AD12, 1V6-AD12, 1158W364-AD12, 6M175-AD12, 6M183-AD12, Gallica: journal officiel

© 2016 Généalanille Article publié le 15 janvier 2016

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