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Saulnier Jean, mort pour la France

Jean Saulnier est né le 29 janvier 1895 au champ des Bos à Grury (71) de François Saulnier cultivateur et d’Antoinette Paquier. Il est le seul enfant survivant du couple. Vers 1910, la famille part s’installer à Bryon chez la grand-mère maternelle de Jean.

Quand survient la mobilisation générale , Jean Saulnier a 19 ans. Sa classe, la “15”, est recensée en septembre 1914 et les hommes passent au conseil de révision un mois plus tard. Dès décembre 1914, c’est le départ pour la caserne et Jean Saulnier rejoint le 56ème régiment d’infanterie de Chalon sur Saône où il arrive le 21 décembre. Deux autres grurycois, Jean Claude Collier et Adrien Laumain , ont déjà perdu la vie au sein de ce régiment.

Les jeunes soldats ne vont pas directement au front mais sont entrainés un peu avant de rejoindre leurs ainés. Le délai moyen est d’environ deux mois mais il est possible que Jean Saulnier rejoigne le front dès le 20 janvier 1915 où le journal de marche annonce un renfort de 257 soldats.

Le journal de marche du régiment est richement décoré de photos , plans, cartes et détails sur les emplacements, les pertes mais aussi sur l’état sanitaire et moral indiqué régulièrement comme « très bon. » Il ne précise pas cependant la date précise de l’arrivée de la classe 1915.

Le 56ème RI est au repos à Commercy au sud de Verdun (55) à la fin de janvier 1915. Le 1er février, les 3 bataillons sont dirigés selon les compagnies à Ménil aux Bois, Sampigny, Brasseitte, Mécrin, Bislée et dans les tranchées du Bois d’Ailly en première ligne.

A proximité de la rivière, les bataillons se partagent le secteur quelques jours plus tard principalement avec le 134ème RI.

 

Les hommes travaillent à l’agrandissement, l’amélioration, les réparations des tranchées. Ils construisent également des boyaux au bois Mullot plus au sud pour assurer la deuxième ligne. Les tirs ennemis sont quotidiens, les pertes également. Un cimetière a été aménagé pour accueillir les morts du 56ème.

Le 25 février 1915, 37 hommes viennent en renfort du dépôt, et 101 soldats sont débarqués à Sorcy (au sud de Commercy). Cette dernière vague (à laquelle peut appartenir Jean Saulnier) rejoint le front le 10 mars.

Le 14 mars 1915, le fortin que les allemands avait perdu le 8 janvier et regagné le 27 janvier est trouvé déserté. Les travaux faits à la pioche la nuit laissent à penser que l’ennemi l’a piégé avant de partir.

Le 19 mars un roulement est mis en place pour éviter l’encombrement des boyaux. Cependant, avec le départ du 3ème bataillon pour le front le 2 avril, on apprend que le 1er bataillon n’aura pas droit à son tour de repos et restera au front pendant de longs jours.

Ce mouvement est évidemment pour gagner du terrain sur les ennemis. Le 5 avril 1915 à midi, une attaque est menée sur le front. L’objectif est d’ attaquer les ouvrages allemands en 6 et 6’, le  fortin, l’ouvrage en 7 et si possible la ligne de tranchées 6-6’-4-7.

La bataille va durer plusieurs jours. Le 5 avril, les troupes avancent à droite du fortin et sur les points 6-2 mais sont obligés de reculer. A 15H, les français tiennent les points 6-6′ mais ont perdu la ligne 6′-4-7. A 22H15 le point 7 est repris en partie.

Le lendemain la ligne 6′-4-7 est reprise dans l’après midi mais la contre attaque est terrible le 7 avril 1915. Les allemands concentrent leurs attaques sur le point 6 à plusieurs reprises et de manière de plus en plus violente. La frontière va osciller toute la journée entre les deux belligérants: les allemands gagnent le front 4-7 en fin de matinée, les français reprennent le point 4 en milieu de journée, perdent ensuite la ligne 6′-4 en fin d’après midi avant de la regagner en fin de journée.

Les deux jours suivants, les français sont arrosés de bombardements incessants. Le 11 avril 1915, le régiment essuie de forts bombardements continuels. Les hommes sont fatigués et énervés. Les boyaux sont encombrés par la présence de plusieurs compagnies, par l’évacuation des blessés. Le rapport moral et sanitaire est moins optimiste : la 8ème compagnie est en première ligne depuis le 1er avril donc fatiguée, la 6ème compagnie déprime un peu car elle est soumise «  au tir systématique et parfaitement réglé de l’artillerie allemande. » Les encouragements du général ne sont pas suffisants pour redonner de la force aux troupes.

En plus des bombardements en première ligne, c’est aussi l’arrière front qui est visé: le 12 avril les avions ennemis ont survolé les lignes et ont lancé 13 bombes sur la caserne Oudinot à Commercy tuant 6 soldats et en blessant plusieurs. Les canonnades sur l’escadrille n’ont pas donné de résultat et le moral est en berne. L’arrivée d’un renfort de 187 hommes n’améliore pas le moral de ces soldats exténués par le manque de sommeil, notamment ceux du 1er bataillon qui n’a jamais pu prendre de repos.

Il faut attendre le 16 avril pour que 2 bataillons du  56ème RI quittent le front et s’installent à Vignot au nord de Commercy. Deux jours plus tard, on apprend qu’un taube a été abattu et s’est écrasé coupé en deux à la corne du Bois d’Ailly

Les hommes sont rassemblés le 19 avril à Commercy et le régiment reçoit un renfort de 100 hommes. Le repos sera de courte durée puisque les 3 bataillons se retrouvent en deuxième ligne à Mécrin le 26 avril 1915 avec un accueil d’une vingtaine d’obus sur le 2ème bataillon, tuant sur le coup un brancardier.

Le 30 avril au soir, plusieurs attaques du 56ème RI sont lancées sur saillon NO du bois d’Ailly. Elles restent infructueuses.  Du 1er au 3 mai, il est affecté à la construction de galleries souterraines et d’abris en cas de bombardement du village avant d’être relevé le 4 mai pour partir à Sorcy St Martin au sud de Commercy. Deux jours plus tard, le régiment est à Commercy: 2 bataillons à la caserne Oudinot, le 3ème au quartier Bercheny.

Le 11 mai le régiment doit partir d’Oudinot pour être à 20H à Pont sur Meuse. Après contre-ordre, une partie seulement du régiment rejoint Pont sur Meuse et part cantonner à Mécrin. Il est rejoint le lendemain par le reste de la troupe et se dirige au bois Mullot pour occuper la tranche Maison Blanche-Brasseitte . Les travaux de tranchée qu’ils ont à effectuer sont gênés par les projecteurs ennemis.

Le 13 mai des obus sont lancés sur le cimetière du 56ème le matin et des bombardements continus sont subis à partir de 16H30.

Le 14 mai 1915 , le 56ème RI essuie des bombardements très violents des tranchées depuis la veille à raison de 12 à 20 coups de gros calibre par minute. Une première attaque allemande est repoussée à 1H du matin à maison blanche. Une deuxième attaque allemande survient à la sablière vers 2H et les troupes se retirent jusqu’au cimetière du régiment. A 3H30, le 56ème contre-attaque en rassemblant des compagnies sur le secteur. Les hommes progressent lentement sous de violentes fusillades. Ils finissent par reprendre leur position de la veille vers 7H30. Les allemands tenteront à leur tour une contre-attaque vers 9H30 qui sera infructueuse.

Le bombardement ennemi reprend de 16H15 à 19H avec environ 400 obus de gros calibre envoyés sur les lignes françaises.

Le journal de marche du 14 mai n’indique aucun disparu pour les 3 bataillons mais Jean Saulnier ne répond plus à l’appel à compter de ce jour.

L’ acte de disparition signé du 29 juin précise qu’ « aucun renseignement permettant de préciser les circonstances de la disparition de ce militaire au cours du combat du 14 mai n’a pu être recueilli. »

Ses parents, voyant disparaître leur dernier enfant, obtiennent une aide financière de 150f un an plus tard. La date du décès de Jean Saulnier est confirmée au 14 mai 1915 par le jugement du 1er juin 1921 du tribunal d’Autun.

Jean Saulnier est l’un des 5 morts pour la France de la commune de Grury qui avaient tout juste 20 ans.

Sources:

5E227/13-AD71, 6M Grury –AD71, 1R RM Autun 1915-AD71, 3U298-AD71, sga mémoire des hommes 26 N 645/2, 26 N 645/3, 26 N 645/4

© 2015 Généalanille Article publié le 14 mai 2015

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